• IHL - Chapitre 1

    IHL - Chapitre 1

     

    Note : seul le prologue est écrit à la première personne, la suite de l'histoire sera rédigé à la troisième personne.

     

    21 ans plus tard…

     

    C’était une journée normale pour Jack Frost : comme d’habitude il se baladerait dans toute la ville, comme d’habitude il croiserait plein de gens qui ne le verraient pas et comme d’habitude il leur en tiendrait rigueur et ferait tout pour contrarier leur journée si bien commencée. Et ça, c’était facile quand on s’appelait Jack Frost.

    Sa première victime de la journée fut un homme d’une cinquantaine d’années ; il se rendait à son travail vêtu d’un magnifique costard hors de prix. C’est bien connu, un homme qui porte un costume pareil ne peut pas rouler avec une petite voiture ; il faut qu’elle soit grosse, hors de prix elle aussi et de préférence allemande. Et bien sûr elle ne peut pas dormir dehors ! Jack avait tout de suite repéré l’homme un peu hautain et narcissique qui sortait de sa belle et grande maison pour aller jusqu’à son garage. Et ce que Jack aimait par-dessus tout c’était emmerder les gens comme lui. Par « gens comme lui » entendez n’importe quelle personne qui l’insupportait c’est-à-dire approximativement toute la population de ce globe. Ah non ! Tout le monde sauf les enfants, d’aussi loin qu’il s’en souvienne il avait toujours aimé les enfants. Peut-être était-ce parce que son premier souvenir était justement celui d’un enfant dans la neige. En tout cas monsieur Tartempion avait le très gros défaut de ne plus être un enfant. Et en plus de ça il se prenait vraiment trop au sérieux au goût de Jack. C’est donc avec un bonheur un peu vicieux que le jeune homme (car à son grand dam Frost n’avait pas vieilli d’un pouce en 21 ans) se faufila dans le garage en même temps que sa future victime. Interloqué par ce coup de vent soudain, ce dernier se retourna, un air suspicieux peint sur le visage. Mais il n’y avait rien. Juste du vent, juste Jack et son vent.

    M.Tartempion s’imaginait que sa voiture était bien à l’abri ici dans son beau garage tellement grand qu’on aurait pu y faire dormir une douzaine de familles d’immigrés sans papiers –certes, moins exigeantes quant au besoin d’espace mais tout de même !- et Jack se réjouissait d’avance de lui démontrer que les éléments étaient plus forts que lui. Il s’approcha de la voiture et déposa sa main gauche sur le capot avant de faire courir délicatement ses longs doigts fins sur la carrosserie impeccable de la BMW. Un léger givre se déposa alors, suivant le mouvement des doigts. Lorsqu’il arriva au niveau de la poignée, Jack s’attarda un peu plus et lorsque l’homme s’en approcha peu après et tenta d’ouvrir la portière il lui fut impossible d’actionner la poignée qui avait gelé.

    Jack le regarda se démener un moment et finit par se lasser. Il aimait bien le faire sur un parking, quand les gens étaient loin de chez eux car alors, certains hommes jetaient un coup d’œil nerveux pour s’assurer que personne ne les voyait et urinaient sur la portière pour qu’elle dégèle. Ca le faisait rire à tous les coups ! Mais ici, ce n’était pas le genre de la maison, d’autant plus que l’homme n’avait qu’à rentrer dans la demeure pour avoir une bassine d’eau chaude. Bien sûr, Jack aurait pu continuer le jeu et geler la dite bassine avant qu’elle n’ait le temps d’arriver à destination mais il n’en avait pas envie. Il était lassé de tout cela.

    Vingt-et-un ans qu’il faisait des blagues aux adultes et qu’il amusait les enfants en leur organisant de magnifique virées en luge ou de gigantesques batailles de boules de neige. Il aurait voulu faire autre chose après tout ce temps mais c’était la seule chose qu’il savait faire et également la seule chose qui lui permettait un peu de contact humain. C’était bien ça le pire, être constamment seul. Parfois il avait l’impression de devenir dingue. Et pour éviter de finir complètement taré il avait d’ailleurs pris l’habitude de parler aux gens même s’ils ne pouvaient pas l’entendre. Il n’attendait aucune réponse bien entendu –quoi que l’espoir demeurât toujours- mais parler lui faisait un bien fou.

     

    Un peu plus tard dans la matinée Jack entreprit de suivre une petite fille quelques temps. Il l’avait choisie parce qu’elle s’était admirablement bien défendue au milieu du capharnaüm qu’il avait créé un peu plus tôt. Ayant repéré un groupe d’enfants, il avait préparé une boule de neige parfaite au creux de ses mains et avait initié le jeu en la lançant sur le petit garçon qui lui avait paru le plus à même de riposter. Ca ne loupait jamais ; sitôt après avoir reçu la boule dans la tête le garçonnet s’était retourné. Son regard s’était posé sur un de ses petits camarades (sans voir Jack qui était écroulé de rire juste derrière évidemment) et sans perdre une seconde il avait à son tour formé une petite boule et la bataille avait commencée. En règle générale, les filles étaient moins partantes que les garçons pour jeter (et surtout recevoir) de la neige dans la figure mais celle-ci avait riposté farouchement à chaque nouvelle attaque et Jack avait aimé ça. Il suivait donc la fillette à l’anorak rose et au bonnet à oreilles d’ours duquel dépassait deux nattes rousses tout en lui refaisant toute la bataille : « Et t’as vu quand le petit blond -Nathan c’est ça ?- a lancé sa boule sur la vieille dame aigrie en voulant viser Thomas ? » Sans l’entendre, la petite fille répondant au nom de Fiona s’arrêta sans prévenir au beau milieu du trottoir. Sa mère dû stopper aussi et elle se retourna vers sa fille intriguée. « Fiona qu’est-ce que tu fais ? » La petite rousse pointa du doigt la vitrine du magasin devant lequel ils s’étaient arrêtés. « Regarde maman, c’est la suite du livre que tu m’as lu l’autre jour ! » Le regard de Jack se dirigea vers la vitrine qu’il parcourut sans trop savoir de quel bouquin pouvait bien parler la gamine. Il devait y avoir une dizaine de livres pour enfants mais ce ne fut aucun de ceux-là qui attirèrent son regard. Au lieu de ça, il resta figé face à la couverture d’un épais livre grand format pour adulte. A première vue il ne sut pas trop s’il s’agissait d’un roman ou d’un livre sur les mythes et légendes mais en couverture figurait l’image d’un homme allongé et très pâle aux cheveux blancs, il portait une longue cape marron et râpée mais pas de chaussures. C’était lui.

    Il ignorait comment c’était possible mais c’était sans aucune erreur possible lui qui était dessiné sur la couverture de ce livre. Parcourant encore une fois le croquis sans trop y croire il s’intéressa au titre : Frost. Son nom ! Sans s’en rendre compte il s’était rapproché de la vitrine et à présent qu’il y était presque collé sa respiration se répercutait sur le verre créant une fine pellicule de givre. Comme hypnotisé par ce qu’il voyait il posa sa main sur la vitre froide et si qui que ce soit y avait porté son attention à ce moment précis il aurait pu voir avec surprise une empreinte de main bien distincte s’y former.

    Jack devait en savoir plus. Sans perdre une minute il pénétra dans la librairie en même temps qu’un client. La vendeuse située non loin de l’entrée frissonna sous l’effet du vent froid qui l’y accompagna. Jack n’y prêta pas la moindre attention, trop obnubilé par ses pensées qui étaient alors entièrement tournées vers le livre. Parcourant les rayons du magasin il arriva devant un présentoir où étaient disposées les meilleures ventes du moment et il découvrit avec étonnement que Frost en faisait partie. Une petite étiquette donnait l’avis d’un libraire de la chaîne : ‘Frost fait partie de ses livres qui vous font retrouver votre âme d’enfant. Vous faisant passer du rire aux larmes, ce petit bijou plein d’humour et emprunt d’une mélancolie attendrissante saura séduire à peu près tout le monde. Christofer, libraire à Lyon.’ Sans même savoir de quoi parlait le livre en question Jack ne pût s’empêcher de ressentir de la joie et un peu de fierté à l’idée que ce Christofer ait aimé le livre. A vrai dire, s’il était classé parmi les meilleures ventes c’était sans doute qu’un très grand nombre de gens l’avait aimé.

    D’un coup de vent il fit tomber une petite pile de Frost et s’accroupi afin de lire la quatrième de couverture :

     

    Jack Frost se tenait au milieu de la place déserte. 

    Il pensait à sa vie, à tout ce qu’il avait fait pour les gens : les joies qu’il avait fait ressentir aux enfants, la sensation extra d’une longue descente à ski, ces moments de partage au coin du feu que seul un hiver un peu rude vous permet d’apprécier, le plaisir ressenti au moment de tremper les lèvres dans une boisson chaude après avoir subi les assauts du froid…Malgré cela les gens continuaient à l’accabler de reproches. A les entendre, il était responsable de tous leurs malheurs ; le froid et la neige les rendaient malades, les forçaient à se lever cinq minutes plus tôt pour dégeler leur voiture, à être plus prudents sur la route mais aussi sur les trottoirs…

    C’était un boulot bien ingrat que d’être lui. Peu importe, il leur montrerait à tous que l’hiver était précieux et que sans lui rien ne serait pareil…

     

    Ezekiel Grant est anglais,

    Frost est son premier roman mais il a déjà reçu de nombreux prix et a connu un succès fulgurant dès sa sortie de l’autre côté de la Manche.

    Il fait sans aucun doute possible partie de ces nouveaux auteurs prometteurs à suivre de très près.

     

     

    Fin du chapitre 1

     Un premier chapitre peut-être un peu plus court que ceux que j'ai l'habitude de faire, il aurait pu être plus long mais je trouvais ça bien de couper à ce moment là. En ce moment j'arrive à trouver l'inspiration assez facilement donc j'en profite et j'espère avancer très vite dans cette histoire. Que pensez-vous de Jack pour l'instant?

     

    IHL - Chapitre 1


  • Commentaires

    1
    Samedi 13 Avril 2013 à 01:45

    Salut Ariel :)

    Un premier chapitre très prometteur ! Je vais filer de ce pas lire la suite.

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