• [Terminée] Inspiration d'un hiver lointain

    Inspiration d'un hiver lointain

     

    Résumé :

    Jack Frost peut contrôler le vent, le froid et la glace. Ca aurait pu être génial s'il avait pu partager ça avec quelqu'un mais comme personne ne peut le voir il est toujours seul. Pour se venger de cette solitude perpétuelle il s'amuse à jouer de mauvais tours à longueur de temps.

    Et puis un jour, il découvre un livre ; un livre qui parle de lui et qui va changer sa vie.

    Genre :Fantaisie, romance.

    Statut : Finie.

     

    Commentaires de l'auteur :

    Certain(e)s d'entre vous auront peut-être reconnu le Jack Frost du dessin animé Les cinq légendes (en anglais Rise of the guardians) et c'est bien normal car c'est après l'avoir vu que j'ai soudain eu envie d'écrire cette histoire.

    En ce sens j'imagine qu'on peut dire que c'est une fan fiction même si en réalité je ne garde que le personnage de Jack Frost, tout le reste n'a rien à voir avec l'histoire du dessin animé.

    J'ai été assez surprise de voir que je n'avais visiblement pas été la seule à craquer pour le petit Jack après avoir vu le dessin animé, il existe un nombre de fanart assez impressionant sur le Jack Frost de Dreamworks. D'ailleurs c'est un super dessin animé, regardez-le si vous ne l'avez jamais vu et que vous aimez ça!!!

     

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  • Prologue

     

    Note : Jack Frost est un personnage du folklore anglais associé à l'hiver. Celui que je décris ici est emprunté au dessin animé Les cinq légendes de Dreamworks et ne m'appartient donc pas. Sur ce, bonne lecture!

     

     

    Il faisait noir. Mon corps était glacé. Tout à coup une lumière blanche m’aveugla et je sentis une étrange vague me parcourir le corps, d’abord les orteils puis les pieds, les chevilles ; elle remontait le long de mes jambes et investissait le bout de mes doigts. Partout où elle passait j’avais l’impression de ne plus être froid, d’être différent. Le torse, les épaules, le cou. Je fermais les yeux. Je me sentais bien. Etrangement bien. Alors que je la sentais parcourir les derniers centimètres de mon corps je perdis pieds et me laissai sombrer dans l’oubli.

     

                Depuis combien de temps étais-je ici ? Je ne me rappelais plus de rien. Mon corps était léger et je me sentais irrémédiablement happé vers le haut pour une raison qui m’était inconnue. Mes doigts se posèrent sur une surface lisse et dure. Il faisait sombre mais je pensais que si j’arrivais à traverser je retrouverais la lumière. Je voulais aller de l’autre côté. J’en avais assez de flotter là sans sentir mon corps. Toutes mes pensées étaient dirigées vers cet objectif et je vis la surface craqueler sous mes mains sans savoir si j’en étais le responsable ou non. Ca m’importait peu à vrai dire, je voulais sortir d’ici. Où était cet ‘ici’ d’ailleurs ?

                La fissure s’agrandit et un rai de lumière blanche m’aveugla subitement alors que tout mon corps était propulsé vers le haut et se heurtait à la surface la faisant craquer et se casser d’avantage. Lorsque je rouvris les yeux je flottais toujours mais quelque chose avait changé. Au dessus de moi le ciel bleu et découvert s’étendait à perte de vue et une légère brise vint caresser mon visage.

                Sortant peu à peu de l’étrange létargie dans laquelle j’étais plongé je me rendis compte que j’étais dans l’eau. Visiblement au beau milieu d’un lac. Et la ‘surface’ que j’avais traversée était en réalité une épaisse couche de glace qui le recouvrait entièrement. Je me redressais et prenais appui sur mes bras afin de me hisser hors de l’eau glacée. Bizarrement je ne ressentais aucune sensation de froid ; ni quand j’étais encore dans l’eau ni dehors malgré le vent qui soufflait sur mon corps frêle et mouillé.

                Je regardai mes mains et ma peau me parut anormalement blanche. Etait-ce à cause du froid ? J’esquissai un pas hésitant sur la glace. La peau nue de mes pieds ne sembla pas ressentir sa froideur mais peut-être étais-je engourdi ? Dans l’eau j’avais eu l’impression d’être léger mais même à présent mon corps m’avait l’air aussi léger qu’une plume. Alors que je craignais que la glace ne craque sous mon poids je me retrouvai à glisser sans réfléchir de manière tout à fait aérienne sur sa croûte lisse. Après quelques pas je pris confiance et accélérai le mouvement, le vent soufflait sur mon visage et caressait mes cheveux puis il changea de direction et me poussa. J’allais alors plus vite ; j’étais encore plus léger ; et avant même que je ne m’en rende compte mes pieds ne touchaient plus terre –au sens propre- et j’ignorais si j’avais sauté ou si j’étais carément en train de voler. Quoi qu’il en soit la sensation était merveilleuse et je me laissais aller, porté par le vent, avant de retomber avec grâce devant un long bâton au bout arrondi à la manière de ceux des bergers. Je me baissai pour le saisir et mon corps fut alors parcouru de courant électrique ; la sensation ne m’était pas étrangère. Le bâton se mit à briller ; une lueur bleutée et apaisante, et du givre se forma à mes pieds, à l’endroit exact où reposait l’extrémité du bâton. Il s’étendait et s’étendait encore, gelait les arbres du bord de lac et refermait le trou que j’avais formé un peu plus tôt dans la glace sous mon regard ébahi.

     

                J’étais encore en train de me demander ce qui se passait quand une petite voix me prit par surprise : « Maman, maman ! Regarde ! L’arbre vient de geler d’un coup ! » Un petit corps, bonnet à pompom vissé sur la tête et emmitouflé dans un épais manteau marron apparût au bord du lac suivi de près pas une silouhette longiligne parée de rouge. « Ezekiel fais attention ! Ne vas pas sur la glace !

    -          Mais maman tu as vu ? » Un rire cristallin raisonna et la mère répondit : « Bien sûr, c’est à cause de Jack Frost !

    -          Jack Frost ? » S’exclama le petit garçon en faisant écho à mes pensées. « Oui, il peut contrôller le vent et fabriquer de la glace ou de la neige ! »

    Le ton de la mère était malicieux, moqueur peut-être, mais je me reconnus dans ses paroles. Est-ce qu’elle parlait de moi ? Etait-ce que j’avais fait ? Est-ce que j’étais Jack Frost ? « Ouah ! Trop bien ! Et qu’est-ce qu’il fait d’autre ?

    -          Il fait qu’il fait trop froid et que je ne veux pas que tu tombes malade. Allé, viens il est temps de rentrer ! » Une mine boudeuse apparut sur le visage de l’enfant alors qu’il demandait : « Déjà ?

    -          Comment ça déjà ? Tu as passé toute la journée à crapahuter dans la neige ! Allé ! » Le môme capitula et alla nicher sa main dans celle de sa mère. Alors qu’ils s’éloignaient je l’entendis chuchoter bougon : « Mais j’aime la neige moi… »

     

    Je ne sais pas ce qui m’a prit ; peut-être était-ce parce que cet enfant était attendrissant ou à cause de sa dernière phrase, peut-être tout simplement parce que je ne savais pas quoi faire d’autre ; toujours est-il que je me mis à les suivre, bâton en main. Je restais à distance tout en ne les lâchant jamais des yeux, le manteau flamboyant de la femme m’aidant dans cette tâche. Ils marchèrent un moment le long d’un petit chemin et je m’amusais à marcher dans les traces laissées par les bottes fourrées du petit garçon.

    Nous arrivâmes sur une petite place où d’autres enfants couraient dans tous les sens et s’amusaient. Un sourire aux lèvres je les regardai un peu envieux mais peut-être que je pourrais les rejoindre ? L’un d’eux déboula subitement devant moi et j’allais lui crier de faire attention quand il me passa à travers en continuant de courir. Ne comprenant pas je me dirigeai vers un autre enfant et son corps passa à travers le mien avec autant de facilité que le premier. A présent paniqué j’essayai de leur parler, de les interpeller mais personne ne semblât m’entendre. Je me tournai vers les uns et les autres désespéré. Invisible. Voilà ce que j’étais. Personne ne me voyait ni ne m’entendait, c'était comme si je n'existais pas. Une détresse profonde s’était emparée de moi et je ne me contrôlais plus, un courant d’air froid se mit à souffler de plus en plus fort et de la glace se formait sous mes pieds. Elle s’étendait et gelait tout sur son passage, les voitures, les maisons, les arbres, le vent faisait lui aussi son œuvre et tout ce qui traînait dans la rue commença à être emporté. Les gens se mirent à paniquer et coururent se réfugier dans les maisons. Je me retrouvai alors seul. Petit à petit je parvins à retrouver mon calme et les intempéries cessèrent du même coup. Je parcouru la place vide du regard et tombai sur une grande fenêtre éclairée par ce qui semblait être un feu de cheminé. Je crus détecter du mouvement de l’autre côté mais quand je regardai de plus près je ne vis rien. J’étais sûr de plusieurs choses à présent, je les ressentais en moi comme si je l’avais toujours su : je contrôlais vraiment le vent et la glace, j’étais vraiment Jack Frost et personne ne pouvait me voir.

     

    ______________________________

     

                Je n’avais pas envie de rentrer mais maman avait l’air décidée alors je m’empressai d’aller loger ma main dans la sienne non sans ronchonner un peu. Je trouvais le chemin un peu long mais j’avais de petites jambes et la neige haute me demandait des efforts considérables. J’avais un peu froid aussi mais je ne le dis pas à maman car elle aurait su qu’elle avait eu raison d’insister pour rentrer et j’espérais rester encore plus longtemps la prochaine fois !

                Tout du long j’eus l’impression bizarre d’être observé. Un moment je m’arrêtai et commençai à me retourner pour voir mais maman continua à avancer et je dus lui emboîter le pas. Alors que nous arrivions sur la place du village je vis plusieurs de mes copains jouer à s’attraper. « Maman, je peux y aller ?

    -          Une autre fois poussin, tu as déjà traîné dehors assez longtemps pour aujourd’hui. » Déçu mais résigné je continuai mon chemin en direction de la maison.

    Nous étions sur le perron quand le vent se leva, un vent glacial qui me fit trembler des pieds à la tête malgré l’épais manteau et l’attirail hivernal dont j’étais affublé (moufles, bonnet, écharpe tricotée et grosses bottes fourrées). Ma mère frissonna également et m’intima de rentrer vite au chaud, ce que je fis avec grand plaisir cette fois-ci. A l’intérieur j’entendis le vent souffler contre la façade et des cris. Sans perdre une seconde je me précipitai à la fenêtre pour voir. Le vent semblait encore plus fort, il emportait tout sur son passage et de la glace ne tarda pas à se former un peu partout. Tout le monde se mit à courir pour rentrer dans les bâtiments. Tout le monde sauf une personne. Je ne l’avais jamais vue ; c’était un homme assez grand et maigre. Ses cheveux étaient blancs et courts et sa peau était très pâle. Il portait une longue cape marron abimée et il n’avait pas de chaussures ce qui était très étrange au vu des températures extérieures. Il n’était d’ailleurs pas habillé très chaudement d’une manière générale. Malgré tout cela ce qui me choqua le plus fut son expression, c’était la personne la plus triste que j’ai jamais vue. A huit ans c'est le genre de choses qui vous marquent. Son regard se posa sur moi et ses yeux bleus me glacèrent sur place ; surpris, je me baissai pour qu’il ne puisse plus me voir et recroquevillé sous la vitre je n’avais qu’une pensée en tête : Jack Frost.

     

    Fin du prologue

    Je pense que cette histoire ne sera pas très longue, peut-être 5 ou 6 chapitres à vrai dire je n'en ai aucune idée pour l'instant! Qu'est-ce que vous en pensez pour l'instant?

    Dans les cinq légendes Jack Frost est à mon sens un personnage assez touchant qui me fait penser à un Peter Pan mélancolique. Tout en conservant ces caractéristiques l'histoire sera forcément plus mature (il s'agit d'une histoire yaoi après tout!) elle n'a d'ailleurs pas grand chose à voir avec celle du dessin animé. J'espère qu'elle vous plaira!

     

    IHL - Prologue


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  • IHL - Chapitre 1

     

    Note : seul le prologue est écrit à la première personne, la suite de l'histoire sera rédigé à la troisième personne.

     

    21 ans plus tard…

     

    C’était une journée normale pour Jack Frost : comme d’habitude il se baladerait dans toute la ville, comme d’habitude il croiserait plein de gens qui ne le verraient pas et comme d’habitude il leur en tiendrait rigueur et ferait tout pour contrarier leur journée si bien commencée. Et ça, c’était facile quand on s’appelait Jack Frost.

    Sa première victime de la journée fut un homme d’une cinquantaine d’années ; il se rendait à son travail vêtu d’un magnifique costard hors de prix. C’est bien connu, un homme qui porte un costume pareil ne peut pas rouler avec une petite voiture ; il faut qu’elle soit grosse, hors de prix elle aussi et de préférence allemande. Et bien sûr elle ne peut pas dormir dehors ! Jack avait tout de suite repéré l’homme un peu hautain et narcissique qui sortait de sa belle et grande maison pour aller jusqu’à son garage. Et ce que Jack aimait par-dessus tout c’était emmerder les gens comme lui. Par « gens comme lui » entendez n’importe quelle personne qui l’insupportait c’est-à-dire approximativement toute la population de ce globe. Ah non ! Tout le monde sauf les enfants, d’aussi loin qu’il s’en souvienne il avait toujours aimé les enfants. Peut-être était-ce parce que son premier souvenir était justement celui d’un enfant dans la neige. En tout cas monsieur Tartempion avait le très gros défaut de ne plus être un enfant. Et en plus de ça il se prenait vraiment trop au sérieux au goût de Jack. C’est donc avec un bonheur un peu vicieux que le jeune homme (car à son grand dam Frost n’avait pas vieilli d’un pouce en 21 ans) se faufila dans le garage en même temps que sa future victime. Interloqué par ce coup de vent soudain, ce dernier se retourna, un air suspicieux peint sur le visage. Mais il n’y avait rien. Juste du vent, juste Jack et son vent.

    M.Tartempion s’imaginait que sa voiture était bien à l’abri ici dans son beau garage tellement grand qu’on aurait pu y faire dormir une douzaine de familles d’immigrés sans papiers –certes, moins exigeantes quant au besoin d’espace mais tout de même !- et Jack se réjouissait d’avance de lui démontrer que les éléments étaient plus forts que lui. Il s’approcha de la voiture et déposa sa main gauche sur le capot avant de faire courir délicatement ses longs doigts fins sur la carrosserie impeccable de la BMW. Un léger givre se déposa alors, suivant le mouvement des doigts. Lorsqu’il arriva au niveau de la poignée, Jack s’attarda un peu plus et lorsque l’homme s’en approcha peu après et tenta d’ouvrir la portière il lui fut impossible d’actionner la poignée qui avait gelé.

    Jack le regarda se démener un moment et finit par se lasser. Il aimait bien le faire sur un parking, quand les gens étaient loin de chez eux car alors, certains hommes jetaient un coup d’œil nerveux pour s’assurer que personne ne les voyait et urinaient sur la portière pour qu’elle dégèle. Ca le faisait rire à tous les coups ! Mais ici, ce n’était pas le genre de la maison, d’autant plus que l’homme n’avait qu’à rentrer dans la demeure pour avoir une bassine d’eau chaude. Bien sûr, Jack aurait pu continuer le jeu et geler la dite bassine avant qu’elle n’ait le temps d’arriver à destination mais il n’en avait pas envie. Il était lassé de tout cela.

    Vingt-et-un ans qu’il faisait des blagues aux adultes et qu’il amusait les enfants en leur organisant de magnifique virées en luge ou de gigantesques batailles de boules de neige. Il aurait voulu faire autre chose après tout ce temps mais c’était la seule chose qu’il savait faire et également la seule chose qui lui permettait un peu de contact humain. C’était bien ça le pire, être constamment seul. Parfois il avait l’impression de devenir dingue. Et pour éviter de finir complètement taré il avait d’ailleurs pris l’habitude de parler aux gens même s’ils ne pouvaient pas l’entendre. Il n’attendait aucune réponse bien entendu –quoi que l’espoir demeurât toujours- mais parler lui faisait un bien fou.

     

    Un peu plus tard dans la matinée Jack entreprit de suivre une petite fille quelques temps. Il l’avait choisie parce qu’elle s’était admirablement bien défendue au milieu du capharnaüm qu’il avait créé un peu plus tôt. Ayant repéré un groupe d’enfants, il avait préparé une boule de neige parfaite au creux de ses mains et avait initié le jeu en la lançant sur le petit garçon qui lui avait paru le plus à même de riposter. Ca ne loupait jamais ; sitôt après avoir reçu la boule dans la tête le garçonnet s’était retourné. Son regard s’était posé sur un de ses petits camarades (sans voir Jack qui était écroulé de rire juste derrière évidemment) et sans perdre une seconde il avait à son tour formé une petite boule et la bataille avait commencée. En règle générale, les filles étaient moins partantes que les garçons pour jeter (et surtout recevoir) de la neige dans la figure mais celle-ci avait riposté farouchement à chaque nouvelle attaque et Jack avait aimé ça. Il suivait donc la fillette à l’anorak rose et au bonnet à oreilles d’ours duquel dépassait deux nattes rousses tout en lui refaisant toute la bataille : « Et t’as vu quand le petit blond -Nathan c’est ça ?- a lancé sa boule sur la vieille dame aigrie en voulant viser Thomas ? » Sans l’entendre, la petite fille répondant au nom de Fiona s’arrêta sans prévenir au beau milieu du trottoir. Sa mère dû stopper aussi et elle se retourna vers sa fille intriguée. « Fiona qu’est-ce que tu fais ? » La petite rousse pointa du doigt la vitrine du magasin devant lequel ils s’étaient arrêtés. « Regarde maman, c’est la suite du livre que tu m’as lu l’autre jour ! » Le regard de Jack se dirigea vers la vitrine qu’il parcourut sans trop savoir de quel bouquin pouvait bien parler la gamine. Il devait y avoir une dizaine de livres pour enfants mais ce ne fut aucun de ceux-là qui attirèrent son regard. Au lieu de ça, il resta figé face à la couverture d’un épais livre grand format pour adulte. A première vue il ne sut pas trop s’il s’agissait d’un roman ou d’un livre sur les mythes et légendes mais en couverture figurait l’image d’un homme allongé et très pâle aux cheveux blancs, il portait une longue cape marron et râpée mais pas de chaussures. C’était lui.

    Il ignorait comment c’était possible mais c’était sans aucune erreur possible lui qui était dessiné sur la couverture de ce livre. Parcourant encore une fois le croquis sans trop y croire il s’intéressa au titre : Frost. Son nom ! Sans s’en rendre compte il s’était rapproché de la vitrine et à présent qu’il y était presque collé sa respiration se répercutait sur le verre créant une fine pellicule de givre. Comme hypnotisé par ce qu’il voyait il posa sa main sur la vitre froide et si qui que ce soit y avait porté son attention à ce moment précis il aurait pu voir avec surprise une empreinte de main bien distincte s’y former.

    Jack devait en savoir plus. Sans perdre une minute il pénétra dans la librairie en même temps qu’un client. La vendeuse située non loin de l’entrée frissonna sous l’effet du vent froid qui l’y accompagna. Jack n’y prêta pas la moindre attention, trop obnubilé par ses pensées qui étaient alors entièrement tournées vers le livre. Parcourant les rayons du magasin il arriva devant un présentoir où étaient disposées les meilleures ventes du moment et il découvrit avec étonnement que Frost en faisait partie. Une petite étiquette donnait l’avis d’un libraire de la chaîne : ‘Frost fait partie de ses livres qui vous font retrouver votre âme d’enfant. Vous faisant passer du rire aux larmes, ce petit bijou plein d’humour et emprunt d’une mélancolie attendrissante saura séduire à peu près tout le monde. Christofer, libraire à Lyon.’ Sans même savoir de quoi parlait le livre en question Jack ne pût s’empêcher de ressentir de la joie et un peu de fierté à l’idée que ce Christofer ait aimé le livre. A vrai dire, s’il était classé parmi les meilleures ventes c’était sans doute qu’un très grand nombre de gens l’avait aimé.

    D’un coup de vent il fit tomber une petite pile de Frost et s’accroupi afin de lire la quatrième de couverture :

     

    Jack Frost se tenait au milieu de la place déserte. 

    Il pensait à sa vie, à tout ce qu’il avait fait pour les gens : les joies qu’il avait fait ressentir aux enfants, la sensation extra d’une longue descente à ski, ces moments de partage au coin du feu que seul un hiver un peu rude vous permet d’apprécier, le plaisir ressenti au moment de tremper les lèvres dans une boisson chaude après avoir subi les assauts du froid…Malgré cela les gens continuaient à l’accabler de reproches. A les entendre, il était responsable de tous leurs malheurs ; le froid et la neige les rendaient malades, les forçaient à se lever cinq minutes plus tôt pour dégeler leur voiture, à être plus prudents sur la route mais aussi sur les trottoirs…

    C’était un boulot bien ingrat que d’être lui. Peu importe, il leur montrerait à tous que l’hiver était précieux et que sans lui rien ne serait pareil…

     

    Ezekiel Grant est anglais,

    Frost est son premier roman mais il a déjà reçu de nombreux prix et a connu un succès fulgurant dès sa sortie de l’autre côté de la Manche.

    Il fait sans aucun doute possible partie de ces nouveaux auteurs prometteurs à suivre de très près.

     

     

    Fin du chapitre 1

     Un premier chapitre peut-être un peu plus court que ceux que j'ai l'habitude de faire, il aurait pu être plus long mais je trouvais ça bien de couper à ce moment là. En ce moment j'arrive à trouver l'inspiration assez facilement donc j'en profite et j'espère avancer très vite dans cette histoire. Que pensez-vous de Jack pour l'instant?

     

    IHL - Chapitre 1


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  • IHL - Chapitre 2

     

    Ezekiel était très stressé. Il n’avait d’ailleurs jamais été aussi stressé de sa vie.

    Le succès fulgurant qu’avait connu son livre l’avait prit par surprise, il se sentait même dépassé. Le récit avait traîné si longtemps dans un coin de sa mémoire et puis il s’était décidé à le coucher sur du papier et après cela il était resté encore quelques années en suspend dans un tiroir, un carton, un coin oublié de son bureau. Et puis il était retombé dessus et sur un coup de tête il s’était décidé à l’envoyer à une maison d’édition ; juste pour voir, sans grande conviction. Il savait de toute façon qu’en général pour avoir une chance d’être publié il fallait s’adresser à plusieurs maisons, sûrement faire plusieurs tentatives, procéder à des corrections, essuyer de nombreux refus…Aussi quand son téléphone avait sonné et qu’à l’autre bout on lui avait dit qu’on souhaitait publier son livre il n’y avait pas cru. Il n’y avait tellement pas cru qu’il avait pensé à une blague ; il avait répondu ‘Ouais c’est ça Joe, je t’ai reconnu va !’ et avait raccroché. Seulement quelques secondes plus tard il s’en était mordu les doigts car le doute s’était installé, et si… ; et s’il venait d’envoyer promener un vrai éditeur ? Il commençait à se sentir mal quand le téléphone sonna une seconde fois. Il décrocha, un peu sur la défensive : « Oui ?

    -          Monsieur Grant ?

    -          Oui c’est bien moi.

    -          Vous m’avez eu au téléphone il y a juste un moment, je crois que vous m’avez pris pour quelqu’un d’autre. Je vous le répète, mon nom est William Allen, je travaille chez Manchot éditions et je suis vraiment intéressé par votre manuscrit. »

    Même maintenant il avait toujours du mal à y croire. Il s’était rendu de très nombreuses fois dans des librairies pour être sûr que tout cela était réel et il était toujours étonné de ce qu’il y voyait. Malgré les exemplaires qu’il possédait déjà chez lui il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine fascination pour ces livres qui portaient son nom. A chaque fois il se sentait obligé de les toucher, de passer ses doigts sur la couverture pour se convaincre qu’ils étaient réels.

    Jusqu’ici il avait tout fait pour rester discret, accordant quelques interview à des magasines mais refusant toute intervention à la télévision ou même à la radio. Seulement, le succès était tel qu’on le demandait partout et William avait fini par le convaincre de faire quelques apparitions. Voilà comment il se retrouvait à présent dans les coulisses d’une célèbre émission diffusée aux heures de grande écoute, stressé comme il ne l’avait jamais été et suant tellement qu’il était persuadé d’avoir d’énormes auréoles sous les bras qui, heureusement, ne devaient pas se voir sous la veste noire qu’on lui avait fait mettre.

     

    William vint à sa rencontre un grand sourire aux lèvres : « Grant, heureux de voir que tu as fait un effort vestimentaire ! » Un peu blasé l’écrivain répondit : « C’est la production qui m’a habillé. » Et sans se départir de son sourire son éditeur rétorqua : « Je m’en doutais mais peu importe. En tout cas ça te va très bien. » Tout en disant ça il s’était rapproché et avait posé une main sur l’épaule du brun. William avait toujours cet air et cette intensité dans le regard qui mettait Ezekiel mal à l’aise. Ce dernier préférait se dire qu’il se faisait des idées et qu’au vu de ce que lui avait fait gagner son éditeur il pouvait bien supporter quelques minutes d’inconfort dans la journée. L’autre reprit : « Je suis sûr que tout va bien se passer alors détend-toi, on dirait que tu t’apprêtes à traverser le couloir de la mort !

    -          Tu sais que je ne suis pas à l’aise en public.

    -          Oui je sais ! Mais en interview tu t’en sors toujours très bien.

    -          En interview il n’y a aucun public et je ne passe pas devant des millions de téléspectateurs curieux de voir à quoi je ressemble !

    -          Très bien, s’ils veulent savoir à quoi tu ressembles fais-leur ce plaisir ! Et puis si ce n’est que ça tu n’as qu’à t’imaginer que toi et la présentatrice vous êtes seuls !

    -          Facile à dire… » William lui lança un regard agacé et lança : « Comment quelqu’un d’aussi blasé et grincheux que toi a pu écrire un livre pareil ? Ezekiel soupira.

    -          Je l’ai écrit il y a quelques années déjà et puis je ne vois pas trop où tu veux en venir.

    -          Nulle part. Je constate seulement que ton livre est pétillant et innocent tandis que toi tu es toujours de mauvaise humeur et lassé de tout !

    -          A croire que j’étais dans un bon jour…

    -          Ou drogué ! Ca va être à toi, tu es prêt ?

    -          Pas tellement mais j’imagine qu’il est un peu tard pour reculer. »

    Ellie Stevens, la présentatrice était vraiment jolie et elle avait tout fait pour me mettre à l’aise.

    «  Monsieur Grant, c’est votre première apparition télévisée, pourquoi ?

    -          Et bien…vous l’avez peut-être déjà remarqué je suis une personne assez réservée. Je ne me suis jamais senti très à l’aise sur le devant de la scène !

    -          Il ne fallait pas écrire si bien alors ! Ne vous inquiétez pas, nous sommes ici parce que vos lecteurs veulent vous connaître, soyez vous-même et tout se passera bien ! Pour commencer, je suis assez curieuse de savoir pourquoi Jack Frost ?

    -          Et bien…à vrai dire c’est venu comme ça. Quand j’étais petit ma mère me parlait souvent de Jack Frost en hiver et euh…ça va peut-être paraître ridicule…Les joues de l’auteur se colorèrent légèrement et il remercia les trois tonnes de fond de teint que lui avait mis l’équipe maquillage.

    -          Quoi ? Allez-y, rien n’est ridicule lorsqu’il s’agit d’inspiration !

    -          Un jour, je devais avoir dans les huit ou neuf ans, j’ai vu un homme dans la rue et il m’a fait penser à Jack Frost, c’était sans doute comme ça que je l’imaginais. J’étais même persuadé que c’était lui mais à cet âge là on est très naïf !

    -          Je ne trouve pas ça ridicule, au contraire c’est très mignon ! Etes-vous en train de travailler sur un second roman ?

    -          J’ai quelques idées mais je ne me suis penché sérieusement sur aucun projet pour l’instant.

    -          Va-t-on revoir Jack Frost ?

    -          Je l’ignore. Ce roman là c’est vraiment une idée qui a mit des années à murir dans mon esprit. Je ne m’attendais pas à autant de succès et je dois dire que ça me met beaucoup de pression.

    -          Oui, j’imagine qu’après un premier roman aussi réussi vous devez vous montrer à la hauteur.

    -          Je ne veux surtout pas décevoir mes lecteurs. »

    *****

    Et dans la liste de ses nombreux lecteurs, Ezekiel pouvait à présent ajouter Jack Frost en personne. Ce dernier n’était pas vraiment fier de ce qu’il avait fait ; il avait du voler un livre et il n’avait jamais rien volé auparavant (à part pour faire des blagues mais ce n’était pas vraiment du vol puisqu’il ne gardait pas l’objet). Il faut dire aussi qu’il n’avait jamais eu besoin de rien avant ça.

    Il avait donc volé un livre puis s’était rendu dans un coin isolé de montagne, un petit coin dans les Alpes qu’il affectionnait tout particulièrement. Là, il s’était perché sur l’une des plus hautes branches d’un gigantesque sapin et  avait entamé sa lecture. Il était resté là des heures et avait tout lu d’une traite, dévoré qu’il était par la curiosité. Quand enfin il ferma le livre il ne savait pas vraiment quoi penser. C’était lui sans être lui. En fait c’était totalement lui mais le Jack Frost du livre avait quelque chose en plus, il ressentait beaucoup de haine et de rancœur.

    Bien sûr que Jack en voulait parfois aux gens de ne pas l’entendre ni le voir mais jamais il ne se vengerait comme le fait le personnage du roman. Il avait ses petites vengeances personnelles mais ça tenait plus de la blague que de la réelle vengeance, et bien souvent c’était pour passer le temps car après tout il n’avait pas grand-chose d’autre à faire ! Dans le livre, Jack Frost était un personnage triste et désabusé qui basculait du côté obscur et décidait de bouleverser l’ordre établi pour montrer aux gens qu’il était capable de tout : il apportait son vent glacial et sa neige au beau milieu du Sahara et arrêtait de les diriger vers les deux pôles. Beaucoup de gens mourraient et la glace se mettait à fondre, le niveau des océans commençait à monter…en clair il devenait vraiment détestable, un vrai tyran mégalo sans aucun égard pour les vies humaines. Ca ce n’était pas Jack. Le vrai Jack aimait les hommes, il aimait la vie et même s’il se sentait seul il n’en viendrait jamais à de telles extrémités !

    Le livre se terminait bien puisqu’un enfant qui croyait en Jack Frost (alors que tout le monde l’avait oublié) se mit à prier, il priait le quasi dieu de l’hiver pour qu’il ramène la neige chez lui et qu’il arrête de faire du mal aux gens. Frost entendit sa prière et alla voir ce petit garçon désespéré ; attendri, toute sa haine le quittait du tout au tout et il rétablissait l’ordre normal des choses. C’était à la fois beau et très niais…d’un autre côté Jack n’en tenait pas vraiment rigueur à l’auteur puisque ce passage ressemblait sans doute plus à sa vraie personnalité que le reste. Après tout, Jack se laissait facilement fondre devant un gosse aux grands yeux scintillants !

    C’était un peu étrange. Il était à la fois heureux d’avoir presque été compris par quelqu’un et il était très déçu qu’on le dépeigne de façon si noire. Si un qualificatif devait être utilisé pour décrire Jack ce n’était certainement pas ‘noir’ bien au contraire...

     *****

    Il était assis là depuis des heures et pourtant la file de fans ne désemplissait pas. Il avait signé un nombre incalculable de dédicaces et c’était un miracle s’il ne développait pas de tendinite après tout ça !

    Une magnifique femme aux cheveux clairs s’approcha de la table. Elle serrait son livre contre sa poitrine et regardait l’auteur avec des yeux de merlan frit. Elle ne dit rien et ne tendit pas non plus le livre à Ezekiel qui s’impatienta bien vite en observant la longue queue qui s’étendait encore derrière elle. Il tendit la main pour qu’elle lui donne le fichu bouquin et s’exaspéra : « Vous voulez quelque chose ? » Les joues de la jeune femme virèrent au rouge et elle détourna le regard tout en lui remettant l’ouvrage. « Est-ce que vous êtes…avec quelqu’un ?

    -          Je vous demande pardon ?

    -          C’est que…j’aimerais beaucoup boire un verre avec vous un de ces jours…si ça ne vous dérange pas bien sûr ! » Ajouta-t-elle en bredouillant. Le brun darda sur elle ses yeux sombres et la détailla des pieds à la tête. Elle était vraiment très jolie. Mais s’il commençait à dire oui et que d’autres l’entendait il pouvait être sûr que toute la file l’inviterait… « C’est à quel nom ?

    -          Euh…pardon ?

    -          La dédicace, c’est à quel nom ?

    -          Ah euh…Audrey ! » Il inscrivit le petit mot habituel et ajouta quelque chose en bas. Il lui rendit le livre et elle lut la dédicace un air un peu déçu sur le visage. Quand elle arriva à la dernière phrase elle rougit à nouveau et sourit. Elle lui lança un dernier regard brillant d’excitation avant de laisser sa place à la suivante.

     

    Après une énième signature son regard las se posa sur la salle qui décidément ne voulait pas se vider. Tout à coup il l’aperçu, là, au beau milieu de la librairie et se figea. Un peu plus loin, un homme élancé aux cheveux blancs se promenait pieds nus sur la moquette du grand magasin. Son regard d’un bleu limpide croisa le sien et Ezekiel ressenti un frisson le parcourir comme dans ses souvenirs. « Monsieur tout va bien ? » Le brun se retourna vers la lectrice qui venait de l’interpeller, il ne s’était pas rendu compte qu’il l’avait laissée en plan. Quand ses yeux se tournèrent à nouveau de l’autre côté de la pièce, l’homme avait disparu…

     

    Fin chapitre 2

    Et oui je suis allée vite cette fois, et le troisième est presque écrit aussi, je crois que Jack Frost m'a vraiment inspirée ahah!
    Enfin on s'approche un peu plus d'Ezekiel et vous commencez à découvrir les personnages et vous en verrez encore plus dans le prochain chapitre.

     

    IHL - Chapitre 2

     

    IHL - Chapitre 2

     


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    IHL - Chapitre 3

     

               Jack n’avait pas rêvé, cet homme l’avait regardé ! Non seulement il l’avait regardé mais il semblait même l’avoir vu, pas comme toutes ces fois où des regards s’étaient dirigés dans sa direction simplement pour voir quelque chose derrière lui. Son premier réflexe avait d’ailleurs été de se retourner pour voir ce que l’écrivain pouvait bien observer avec cet air surpris. Derrière Jack il n’y avait rien. Juste une grande étagère remplie de livres. L’elfe (Jack ne savait pas vraiment ce qu’il était mais il aimait se ranger parmi les elfes ou les farfadets qui étaient pour lui des créatures légères et rigolotes) s’éloigna en un coup de vent qui fit frissonner les personnes de la file d’attente et trembler légèrement les étagères surchargées de livres.

                Est-ce que cet homme pouvait le voir ? Est-ce qu’il l’avait déjà vu par le passé ? Ca expliquerait pourquoi la couverture du livre lui ressemblait tant. Après tout, s’il ne l’avait pas vu, comment aurait-il pu le dépeindre avec tant de précision ? Mais depuis tout ce temps où Jack s’était cru seul et invisible cette personne aurait été capable de le voir ? Et si c’était vrai, y avait-il d’autres gens qui pouvaient en faire autant ?

     

     ***

                La journée avait été longue, Ezekiel n’était pas peu content d’en avoir fini ! William et lui sortirent du grand bâtiment par la porte réservée aux employés. « J’ai l’impression que ton passage télé a fait forte impression ! Souligna William.

    -          Oui…surtout auprès des femmes célibataires y compris les très âgées…

    -          Hé ! Est-ce que c’est une plainte que j’entends ?

    -          C’était la journée de dédicace la plus longue et la plus éreintante que j’ai jamais faite !

    -          Tu devrais te sentir bien pourtant, si une apparition télé déclenche cet effet c’est qu’elles te trouvent à leur goût !

    -          Tu penses ! Un trentenaire célibataire qui écrit un best-seller et qui a une tête à peu près potable…

    -          ‘A peu près potable’ ? C’est ce que tu penses de ton physique ? » L’écrivain n’eût pas le temps de répondre car une femme aux longs cheveux ondulés s’approcha d’eux timidement. Ezekiel reconnu aussitôt celle à qui il avait donné rendez-vous un peu plus tôt –par dédicace interposée- Audrey.

    Il lui adressa un sourire éclatant et lança : « Je ne savais pas si vous viendriez.

    -          Vous rigolez ? J’étais aux anges quand j’ai lu votre petit mot… » William lança un regard goguenard à son auteur qu’il considérait même comme un ami depuis quelques temps et Ezekiel lisait parfaitement le message qu’il lui adressait : ‘La journée de dédicace la plus longue et la plus éreintante hein ?’ Pleine d’espoir Audrey relança : « Alors hum…c’est toujours bon pour le verre ?

    -          Bien sûr ! Excusez-moi une petite minute. » Le brun prit à part son éditeur. « Je ne te l’ai pas dit parce que je ne savais même pas si elle viendrait.

    -          Ah bon ? Parce que pour moi il est évident que si tu lui demandais de la prendre là tout de suite contre le mur de la ruelle elle dirait oui sans hésiter !

    -          Ne dis pas n’importe quoi ! Et puis j’ai des manières moi ! Mon but dans la vie n’est pas de me taper la moindre fille que je croise contrairement à certaines personnes que je connais… » Un regard très appuyé accompagnait cette dernière boutade. « Arf, tu me blesses ! Je ne pensais pas que tu avais une si mauvaise opinion de moi !

    -          Menteur ! Ton deuxième but dans la vie est que j’ai une mauvaise opinion de toi !

    -          C’est un objectif tout à fait ambitieux ! Allé, je vous laisse en amoureux. Amuse-toi bien ! » Le clin d’œil lourd de sens qu’il lui fit arracha un soupir à Ezekiel qui malgré tout ne put s’empêcher de sourire. William était un sacré numéro ! Il le regarda s’éloigner emmitouflé dans un trench coat beige. En passant à côté de la jeune femme il la salua et continua son chemin.

    Il s’était écoulé moins de deux ans entre le moment où Ezekiel avait reçu le coup de téléphone décisif et aujourd’hui mais l’écrivain pouvait dire en toute franchise que William était devenu ce qui se rapprochait le plus d’un meilleur ami qu’il n’ait jamais eu. Non pas qu’il soit complètement asocial mais les relations humaines n’avaient jamais été son fort. Il était pourtant sociable mais il se plaisait aussi bien lorsqu’il était seul et ne s’était jamais trop investit dans ses amitiés. William –de par son travail mais aussi son caractère extraverti et très intrusif- s’était plus ou moins imposé et au début Ezekiel avait eu horreur de ça ! Will se ramenait à n’importe quelle heure chez lui ; parfois pour le travail mais parfois aussi sans aucune raison valable ; et Ezekiel qui avait toujours été un grand solitaire avait vécu ça comme une véritable violation ! Il avait eu beau se plaindre, ronchonner, crier, s’énerver…William avait continué à le harceler comme bon lui semblait. Et puis peu à peu l’auteur s’y était fait. A présent son ami continuait à se pointer n’importe quand mais Ezekiel le prenait avec un flegme digne de la réputation des anglais.

    « Vous habitez Londres ? Lui demanda Audrey.

    -          Non, Oxford et vous ?

    -          Londonienne des orteils à la pointe des cheveux ! Où voulez-vous qu’on aille ?

    -          Et bien puisque c’est vous la londonienne vous n’avez qu’à choisir, vous connaissez sans doute mieux que moi les bons coffee shop ! » Un coup de vent lui balaya le visage et Ezekiel se retourna, une drôle d’impression le prenant. Il ne vit pourtant rien derrière lui et Audrey lui demanda si tout allait bien. « Oui, parfaitement bien. Allons boire ce café ! »

     ***

    Jack était monté sur le toit de la librairie pour réfléchir. Il sentait son sang bouillonner dans ses veines et un espoir fou le hantait. Depuis tout ce temps, il avait finit par accepter que personne ne le voyait et ne le verrait jamais et voilà qu’il était persuadé qu’un homme pouvait le faire ! Il n’en était pas encore sûr à 100% mais en tout cas c’était l’impression qu’il avait eu plus tôt. A présent, cette pensée ne le lâchait plus, il devait en avoir le cœur net et plus encore, il devait lui parler.

    Après avoir attendu des heures sur le toit il aperçu du mouvement à l’entrée de service. Ezekiel Grant était là mais il n’était pas seul. Il allait bien l’être à un moment ou un autre de toute façon, Jack décida donc de le suivre. Peu après qu’il soit sorti accompagné d’un homme blond un peu plus âgé, une femme vint à leur rencontre. Le blond s’éclipsa et l’écrivain resta avec la femme. Ils se mirent à marcher et Jack se décida à descendre pour les suivre de plus près. Il sauta du toit et flotta dans les airs, porté par le vent, au dessus de leur tête puis atterrit plus loin derrière eux. Le vent sembla gêner l’auteur qui se retourna alors et Jack eût un réflexe qu’il n’avait encore jamais eu auparavant : il se cacha. Son cœur battait vite alors qu’il réalisait qu’il n’avait jamais eu besoin de se cacher avant ce jour.

    Le couple se rendit dans un coffee shop, Jack les suivit sans un bruit ce qui était relativement facile quand 1)vous n’aviez pas besoin de toucher le sol pour marcher, 2)même lorsque vous le faisiez vous ne marchiez pas vraiment mais glissiez plutôt sur une fine couche de glace. Là, il n’osa pas les suivre à l’intérieur. Il resta donc de l’autre côté de la rue afin de les observer de loin et de ne pas rater leur départ. Cet espionnage avait l’avantage de lui permettre de s’intéresser un peu plus à l’auteur qu’il n’avait pu observer que très brièvement jusqu’ici. Il possédait un grand corps aux épaules larges, son visage était fin et anguleux doté d’un charme inexplicable et agrémenté d’un nez bien droit. Pour finir, il était brun et ses cheveux courts dressés sur son crâne le rajeunissaient sans doute à contrario de la barbe naissante qu’il laissait envahir son menton. A vu d’œil il devait avoir dans les trente ans ; peut-être moins, difficile à dire à cette distance.

    Jack patienta pendant bien une heure et demie avant que le couple ne se décide à partir. Il n’avait jamais été très patient mais les circonstances étant ce qu’elles étaient il aurait été prêt à attendre encore d’avantage pour savoir si oui ou non il s’était fait des idées. C’était d’ailleurs surement le cas. Il avait été si enthousiaste plus tôt dans la journée mais il avait beaucoup réfléchi. C’est ce qui se passe quand on attend, on n’a rien à faire et donc on pense. Et Jack pensait qu’il était peu probable qu’Ezekiel puisse le voir. Après tout, pourquoi lui le pourrait alors qu’en 21 ans personne n’avait pu ? Malgré tout il devait en avoir le cœur net.

     ***

    Ezekiel avait passé une très bonne soirée. Audrey était vraiment une jolie fille mais plus que ça elle avait de la conversation et ça c’était primordial pour un écrivain ! Il régla la note et l’aida à enfiler son manteau sans oublier de lui tenir la porte, un vrai gentleman ! Alors qu’elle descendait les quelques marches devant lui il observait ses longues jambes fuselées mises en valeur par une paire d’escarpins et une paire de collants noirs rendus obligatoires par le froid de cette saison.

    Ils s’immobilisèrent sur le trottoir, ne sachant trop quoi faire à présent. « Je vais vous appeler un taxi. » Lui dit-il tout à coup. « Vous ne m’invitez pas à votre hôtel ? » Fit-elle dans une petite moue déçue. Il afficha un air étonné proche de la carpe et précisa : « C’est que…je ne voulais pas avoir l'air d'un goujat dès le premier soir ! » Le visage de la jeune femme déjà rougi par le froid fonça encore plus et elle baissa le visage un peu honteuse. Pour une fois que tu tombes sur un type bien se dit-elle, pour quoi il doit te prendre maintenant !

    «  Vous avez raison, je ne sais pas ce qui m’a pris. Je crois que vous me faites trop d’effet ! » Elle rit de bon cœur et il l’accompagna bien que son rire paru plus gêné. Quelques minutes plus tard le taxi arriva. Avant de monter Audrey lança : « C’est pas plus mal, au moins il y a des chances que vous me rappeliez…

    -          Bien sûr que je vous appellerais ! » Elle ouvrit la portière et il la retint « Audrey ? J’ai très envie de vous embrasser avant que vous partiez…

    -          Est-ce que vous me demandez la permission ? Il hocha la tête. Vous croyez en avoir besoin ? J’étais prête à aller dans votre chambre d’hôtel il y a encore quelques minutes ! » Il sourit et s’avança pour l’embrasser. Ce fut doux et bref, un peu timide mais plein de promesses. « Au revoir Audrey.

    -          Bye bye Mister Grant ! »

    Ezekiel regarda le taxi s’éloigner un sourire aux lèvres et se mit à marcher dans la direction opposée. Son hôtel n’était pas très loin et il ne voyait pas l’intérêt d’appeler un taxi pour si peu. Un coup de vent lui rappela qu’ils étaient en hiver et qu’il faisait froid, assez pour convaincre la plupart des gens d’appeler un taxi mais pas Ezekiel. L’hiver avait toujours été sa saison préférée, depuis qu’il était tout gosse. Il arpentait donc les rues londoniennes la tête basse, les mains dans les poches, son écharpe bien serrée autour de son cou tout en regrettant un peu de ne pas avoir pris de bonnet car ses oreilles refroidissaient un peu plus à chaque minute qui s’écoulait.

    Tout à coup un flocon passa dans son champ de vision et il releva la tête alors que des milliers d’autres le suivaient et tombaient en virevoltant du ciel étrangement dégagé. Ezekiel sourit bêtement tout en observant les cristaux se déposer délicatement sur la manche de son manteau noir. Quand il leva à nouveau son visage son regard tomba sur un homme debout un peu plus loin devant lui. La peau pâle et des cheveux argents, une longue cape abimée…était-il possible que… ?

    Sans crier gare, l’autre se mit à courir et sans savoir pourquoi Ezekiel tenta de le rattraper. Il cria : « Attendez ! Qui êtes-vous ? » mais l’autre continua sa course effrénée sans lui répondre. L’écrivain perdait peu à peu du terrain, il vit l’étranger tourner à un coin de rue et le suivit quelques instants plus tard pour tomber sur un cul-de-sac. Et aucune trace de celui qu’il poursuivait. Comment était-ce possible ? Il n’avait pas pu se volatiliser comme ça ! Il chercha un moyen de s’échapper en vain et finit par abandonner. Il reprit sa route comme si de rien n’était bien que son esprit retraçait encore et encore la rencontre tout en se demandant s’il l’avait imaginée...

     

    Fin du chapitre 3

    Alors? Qu'est-ce que vous pensez des personnages? On les découvre un peu plus même si ça avance doucement ahah! Promis au prochain chapitre il y aura une vraie confrontation entre Ezekiel et Jack! Le prochain chapitre posté sera pour Discographie et il est déjà écrit, et oui! Je bosse en ce moment!

    Image : le mannequin Jay Byars

    IHL - Chapitre 3

     

    IHL - Chapitre 3

     


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  • IHL -Chapitre 4

     

     

                Jack se fustigeait mentalement, quel idiot ! Décidemment il lui était impossible de réagir normalement face à cet écrivain ! Mais il avait eu sa réponse et elle dépassait toutes ses espérances…après toutes ces années à errer en solitaire sans personne à qui se raccrocher il avait enfin trouvé une personne qui pouvait le voir. Mais par quel miracle ?

                Pourquoi est-ce que de tous les êtres humains que Jack avait pu croiser en plus de vingt ans il n’y en avait qu’un seul qui y parvenait ? Et pourquoi celui-là en particulier ?

               

                Jack avait observé la petite scène d’amour naissant qui s’était déroulée devant le coffee shop. Il mentirait s’il disait qu’il n’avait pas ressenti une boule de tristesse se former dans sa gorge en les voyant s’embrasser. Jack était seul. Il s’était fait à cette idée –plus ou moins- mais quand il voyait un couple son sentiment de solitude se trouvait exacerbé par la pensée que lui ne connaitrait jamais ça : le bonheur d’être en couple, les petits papillons et tout le tralala. Il en arrivait même à envier les disputes qu’il ne connaîtrait jamais non plus ! Ravalant son sentiment d’injustice, il vit l’homme commencer à marcher et anticipa son parcours en se positionnant un peu plus loin.

                Pour se donner du courage il inspira un grand coup. Il fallait mettre fin à cet espoir fou, il devait se montrer raisonnable et mettre l’autre à l’épreuve. Il se rendrait enfin compte qu’il s’était véritablement fait des idées et retournerait à sa petite routine le cœur lourd. Comme tous les autres jusqu’ici Ezekiel Grant ne pouvait pas le voir. Malgré ce mantra qu’il tâchait d’imprimer dans son esprit, Jack était stressé. Il avait même carrément la trouille. Il vit avec surprise le brun lever la tête et contempler des flocons de neige qu’il avait déclenchés sans le vouloir (ses capacités avaient tendance à se caler sur son humeur ce qui était parfois assez embêtant). Malgré cela il décida de ne pas se laisser déstabiliser et pour confirmer il s’appuya sur ses jambes avec plus de détermination afin qu’elles ne le trahissent pas.

                Sa résolution fut pourtant de courte durée car dès que le regard d’Ezekiel se posa sur lui et qu’un air étonné se dessina sur son visage, Jack prit peur et sans réfléchir il laissa ses gambettes le porter au loin. Ce qui était une réaction particulièrement stupide. Mais sur le coup ce fut la seule chose qu’il fut capable de faire ! Il avait tellement essayé de se convaincre qu’il s’était fait des illusions que la réaction de l’auteur l’avait pris au dépourvu et il avait dû déconnecter ses neurones momentanément ! Autant dire qu’il avait été encore plus surpris quand le brun s’était mis à le courser tout en lui demandant qui il était…personne ne lui avait jamais demandé qui il était. Personne ne lui avait jamais rien demandé tout court à vrai dire !

                Du haut de l’immeuble où il s’était réfugié Jack observa son poursuivant se résigner à abandonner les recherches et continuer sa route. Dans sa poitrine son cœur s’amusait à jouer des percussions encore tout émoustillé par la peur et l’excitation et ce malgré son cerveau qui lui hurlait de cesser ce boucan. Non mais c’est vrai quoi, il avait besoin de calme pour réfléchir ! C’était une bataille perdue d’avance, Jack était trop surexcité pour que son cerveau n’ait son mot à dire là-dedans ! Et c’est donc sans même savoir ce qu’il faisait qu’il se mit à suivre encore une fois l’écrivain…

     

               *****

    Ezekiel déverrouilla la porte de la chambre. A peine en eût-il franchi le seuil qu’il se jeta sur le lit dans un soupir. La journée avait été éreintante. Ereintante mais aussi étrange. Impossible de ne pas penser à l’individu qu’il avait rencontré par deux fois. Il avait bien remarqué que cet homme était la copie conforme du Jack Frost de la couverture de son livre, de l’homme qu’il avait vu sur la place de son village quand il était enfant. Comment une telle ressemblance était possible ? Déjà ça ne pouvait pas être la même personne, c’était il y a plus de vingt ans et celui qu’il avait vu dans la journée ne devait pas avoir plus de dix-huit ans ! La seule explication possible était qu’un fan s’amusait à se déguiser en Jack Frost, à cosplayer sa couverture en quelque sorte (même s’il n’était pas sûr que le terme ‘cosplay’ puisse s’appliquer à un roman).

                C’était quand même troublant. Quand ses yeux avaient furtivement accrochés ceux de l’autre il avait ressenti le même malaise que dans ses souvenirs. Certes, Ezekiel était petit quand c’était arrivé mais il s’en rappelait avec une précision effarante bien qu’il ignorât pourquoi ça l’avait tant marqué. « Marqué » était un doux euphémisme quand on prenait en compte le fait que c’était ce souvenir qui lui avait inspiré son roman ; roman qu’il avait commencé à écrire presque dix ans plus tôt mais dont le récit s’était installé dans son esprit encore bien avant ça. « Hanté » serait donc plus approprié.

     

                Il soupira et fit un effort pour se lever du lit et aller à la salle de bain. Il se déshabilla, ne conservant que son caleçon. Il se dit qu’une douche lui ferait du bien mais n’eût pas le courage de s’y atteler, préférant aller se réfugier sous les draps le plus vite possible. Il enfila un T-shirt puis, brosse à dent en main il s’observa dans la glace qui lui faisait face. Ses yeux étaient cernés et sa barbe commençait à lui manger un peu trop le visage, peut-être la couperait-il le lendemain s’il en avait le courage. William lui reprochait sans arrêt cette manie qu’il avait de négliger le rasage. Ce n’est pas qu’il se préférait barbu mais bien souvent il avait la flemme ou alors il avait plus important à faire que de se raser. Il essayait malgré tout de s’en occuper une fois par semaine mais, comme chez lui la repousse était rapide, son visage ne restait lisse qu’un jour ou deux. En tout cas ça n’avait pas eu l’air de déranger Audrey c’était déjà ça.

                Sortant de ses pensées il mit enfin la brosse dans sa bouche et commença à frotter avec le peu d’énergie qu’il lui restait. Il en était là quand il ressenti une froideur inhabituelle remonter le long de ses jambes et lui parcourir la colonne vertébrale. Il eût l’impression que la pièce venait de perdre plusieurs degrés d’un coup et son corps peu vêtu protestait comme il pouvait en se parant d’une chair de poule et en faisant se dresser tous ses poils. Il vit une légère couche de givre commencer à se former sur le miroir, et alors que sous le coup de l’étonnement et de l’incompréhension le bras qui tenait la brosse à dent s’abaissa, un léger brouillard s’échappa de sa bouche témoin de la chute brutale de température qui n’était pas le fruit de son imagination.

     

                Le givre finissait de recouvrir l’intégralité de son reflet quand une voix dans son dos le fit sursauter : « Est-ce que vous pouvez m’entendre ? » Ezekiel se retourna et son regard tomba sur l’adolescent aux cheveux blancs qui s’était enfui en courant quelques minutes plus tôt. La question avait été posée d’une petite voix incertaine et ce manque de confiance évident se lisait sur le visage du jeune homme : tout, de sa position à son expression, démontrait une forte insécurité et ses joues s’étaient teintées d’un rose qui ressortait sur son visage d’un blanc de porcelaine.

                Le brun observait cette vision inattendue la bouche grande ouverte peu conscient du fait que le dentifrice qui s’y trouvait encore lui donnait un air à la fois crétin et un peu repoussant. Bafouillant et peinant à articuler à cause de la mousse il demanda hébété : « C-co-comment vous êtes entré ? » L’autre répondit comme si ça n’avait aucune importance : « Par la fenêtre. Répétez ce que je viens de dire ?

    -          Euh…p-par la fenêtre… ? » A ces mots les traits du jeune homme se détendirent et il adressa un sourire franc à un Ezekiel perdu et un peu effrayé à la perspective qu’un fan fou se soit introduit dans sa chambre d’hôtel.

    N’étant pas du genre poltron il se reprit bien vite et demanda avec autant de sarcasme qu’il était possible d’en faire dans sa situation : « C’est pour un remake de Misery ? Car sur le plan physique excuse-moi de briser tes illusions mais je crois que je l’emporte haut la main petit… » Il avait essayé d’y mettre de la conviction et de l’assurance mais son interlocuteur n’avait pas semblé troublé par ce discours. Au lieu de ça il lui tourna le dos et commença à courir et sautiller dans toute la chambre tout en riant aux éclats. Cette réaction déstabilisa Ezekiel qui resta interdit quelques secondes avant de se rendre compte que c’était sa chance. Il s’enferma précipitamment dans la salle de bain et, une fois en sécurité, se permit de souffler. Le mieux était d’appeler les secours mais il avait laissé son portable sur la table de chevet et il n’était pas question qu’il mette un pied dans cette chambre tant que l’autre malade y était aussi ! Passer par la fenêtre était exclu (il était au quatrième étage) d’ailleurs l’autre n’avait vraisemblablement pas pu en faire autant alors comment était-il entré ? Il avait dû trouver un moyen de se procurer une clé magnétique ou alors il était très doué pour forcer les serrures…si c’était le cas celle de la salle de bain serait un piètre rempart si l’envie lui prenait de le déloger de là !

    Autant dire qu’Ezekiel avait beau réfléchir il ne voyait pas vraiment de solution à son problème et la panique l’envahissait peu à peu…

     

     *****

    De son côté, Jack était euphorique. Il sentait son coeur vibrer dans tout son être et il lui était impossible de contenir plus longtemps son bonheur. Il aurait voulu crier au monde entier qu'enfin il n'était plus seul (mais de toute façon personne à part l'auteur ne l'aurait entendu ! ). Il continua sa démonstration de joie encore un moment avant de se rendre compte que l’écrivain lui avait faussé compagnie. En voilà des manières !

    Vous aurez sans doute remarqué que Jack était peu au fait des relations humaines et de ce qui était normal ou non. Bien qu’il ait passé vingt et un ans à vadrouiller un peu partout et à observer les gens il n’avait jamais connu personne à proprement parler et n’avait donc jamais pu apprendre comment se comporter avec un autre être humain. Sans compter qu’il passait la plupart de son temps avec des enfants et avait toujours montré un intérêt très limité aux grandes personnes. Et à dire vrai, les enfants ne sont sans doute pas les meilleurs professeurs quand il s’agit de relations. Tout est naturel chez eux, il n’y a pas de faux-semblants ou de sens caché dans leurs phrases. Ils s’encombrent rarement de ces choses que sont le tact, la délicatesse voire la politesse et laissent ressortir leurs émotions très facilement.

    Autant dire que le blond n’avait aucune idée de l’état dans lequel il avait plongé Ezekiel et il était à mille lieux de penser qu’il pouvait l’avoir effrayé.

    Balayant la pièce du regard il tomba sur la porte close et entreprit d’aller y frapper. « Toc toc ? T’es là ? C’est pas très sympa de me laisser tout seul sans prévenir ! » La réponse qu’il reçut le laissa coi.

    « Qu’est-ce que vous me voulez espèce de taré ?! »

     

                Vraiment, il y avait un problème de communication évident entre eux mais le jeune homme peinait à comprendre où il avait fait fausse route…

     

    Fin du chapitre 4


    Enfin ces deux là se rencontrent! Et quelle rencontre...xD

    La suite au prochain chapitre donc, qui sera pour IHL aussi vu l'élan d'inspiration que j'ai eu pour cette histoire dernièrement.

    N'hésitez pas à laisser une trace de votre passage, rien ne me fait plus plaisir que ça!

     

    En image de chapitre : notre Jack en mode "calamité" car soyons honnêtes, c'est ce qu'il est!

     

    IHL - Chapitre 4


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