• IHL - Prologue

    Prologue

     

    Note : Jack Frost est un personnage du folklore anglais associé à l'hiver. Celui que je décris ici est emprunté au dessin animé Les cinq légendes de Dreamworks et ne m'appartient donc pas. Sur ce, bonne lecture!

     

     

    Il faisait noir. Mon corps était glacé. Tout à coup une lumière blanche m’aveugla et je sentis une étrange vague me parcourir le corps, d’abord les orteils puis les pieds, les chevilles ; elle remontait le long de mes jambes et investissait le bout de mes doigts. Partout où elle passait j’avais l’impression de ne plus être froid, d’être différent. Le torse, les épaules, le cou. Je fermais les yeux. Je me sentais bien. Etrangement bien. Alors que je la sentais parcourir les derniers centimètres de mon corps je perdis pieds et me laissai sombrer dans l’oubli.

     

                Depuis combien de temps étais-je ici ? Je ne me rappelais plus de rien. Mon corps était léger et je me sentais irrémédiablement happé vers le haut pour une raison qui m’était inconnue. Mes doigts se posèrent sur une surface lisse et dure. Il faisait sombre mais je pensais que si j’arrivais à traverser je retrouverais la lumière. Je voulais aller de l’autre côté. J’en avais assez de flotter là sans sentir mon corps. Toutes mes pensées étaient dirigées vers cet objectif et je vis la surface craqueler sous mes mains sans savoir si j’en étais le responsable ou non. Ca m’importait peu à vrai dire, je voulais sortir d’ici. Où était cet ‘ici’ d’ailleurs ?

                La fissure s’agrandit et un rai de lumière blanche m’aveugla subitement alors que tout mon corps était propulsé vers le haut et se heurtait à la surface la faisant craquer et se casser d’avantage. Lorsque je rouvris les yeux je flottais toujours mais quelque chose avait changé. Au dessus de moi le ciel bleu et découvert s’étendait à perte de vue et une légère brise vint caresser mon visage.

                Sortant peu à peu de l’étrange létargie dans laquelle j’étais plongé je me rendis compte que j’étais dans l’eau. Visiblement au beau milieu d’un lac. Et la ‘surface’ que j’avais traversée était en réalité une épaisse couche de glace qui le recouvrait entièrement. Je me redressais et prenais appui sur mes bras afin de me hisser hors de l’eau glacée. Bizarrement je ne ressentais aucune sensation de froid ; ni quand j’étais encore dans l’eau ni dehors malgré le vent qui soufflait sur mon corps frêle et mouillé.

                Je regardai mes mains et ma peau me parut anormalement blanche. Etait-ce à cause du froid ? J’esquissai un pas hésitant sur la glace. La peau nue de mes pieds ne sembla pas ressentir sa froideur mais peut-être étais-je engourdi ? Dans l’eau j’avais eu l’impression d’être léger mais même à présent mon corps m’avait l’air aussi léger qu’une plume. Alors que je craignais que la glace ne craque sous mon poids je me retrouvai à glisser sans réfléchir de manière tout à fait aérienne sur sa croûte lisse. Après quelques pas je pris confiance et accélérai le mouvement, le vent soufflait sur mon visage et caressait mes cheveux puis il changea de direction et me poussa. J’allais alors plus vite ; j’étais encore plus léger ; et avant même que je ne m’en rende compte mes pieds ne touchaient plus terre –au sens propre- et j’ignorais si j’avais sauté ou si j’étais carément en train de voler. Quoi qu’il en soit la sensation était merveilleuse et je me laissais aller, porté par le vent, avant de retomber avec grâce devant un long bâton au bout arrondi à la manière de ceux des bergers. Je me baissai pour le saisir et mon corps fut alors parcouru de courant électrique ; la sensation ne m’était pas étrangère. Le bâton se mit à briller ; une lueur bleutée et apaisante, et du givre se forma à mes pieds, à l’endroit exact où reposait l’extrémité du bâton. Il s’étendait et s’étendait encore, gelait les arbres du bord de lac et refermait le trou que j’avais formé un peu plus tôt dans la glace sous mon regard ébahi.

     

                J’étais encore en train de me demander ce qui se passait quand une petite voix me prit par surprise : « Maman, maman ! Regarde ! L’arbre vient de geler d’un coup ! » Un petit corps, bonnet à pompom vissé sur la tête et emmitouflé dans un épais manteau marron apparût au bord du lac suivi de près pas une silouhette longiligne parée de rouge. « Ezekiel fais attention ! Ne vas pas sur la glace !

    -          Mais maman tu as vu ? » Un rire cristallin raisonna et la mère répondit : « Bien sûr, c’est à cause de Jack Frost !

    -          Jack Frost ? » S’exclama le petit garçon en faisant écho à mes pensées. « Oui, il peut contrôller le vent et fabriquer de la glace ou de la neige ! »

    Le ton de la mère était malicieux, moqueur peut-être, mais je me reconnus dans ses paroles. Est-ce qu’elle parlait de moi ? Etait-ce que j’avais fait ? Est-ce que j’étais Jack Frost ? « Ouah ! Trop bien ! Et qu’est-ce qu’il fait d’autre ?

    -          Il fait qu’il fait trop froid et que je ne veux pas que tu tombes malade. Allé, viens il est temps de rentrer ! » Une mine boudeuse apparut sur le visage de l’enfant alors qu’il demandait : « Déjà ?

    -          Comment ça déjà ? Tu as passé toute la journée à crapahuter dans la neige ! Allé ! » Le môme capitula et alla nicher sa main dans celle de sa mère. Alors qu’ils s’éloignaient je l’entendis chuchoter bougon : « Mais j’aime la neige moi… »

     

    Je ne sais pas ce qui m’a prit ; peut-être était-ce parce que cet enfant était attendrissant ou à cause de sa dernière phrase, peut-être tout simplement parce que je ne savais pas quoi faire d’autre ; toujours est-il que je me mis à les suivre, bâton en main. Je restais à distance tout en ne les lâchant jamais des yeux, le manteau flamboyant de la femme m’aidant dans cette tâche. Ils marchèrent un moment le long d’un petit chemin et je m’amusais à marcher dans les traces laissées par les bottes fourrées du petit garçon.

    Nous arrivâmes sur une petite place où d’autres enfants couraient dans tous les sens et s’amusaient. Un sourire aux lèvres je les regardai un peu envieux mais peut-être que je pourrais les rejoindre ? L’un d’eux déboula subitement devant moi et j’allais lui crier de faire attention quand il me passa à travers en continuant de courir. Ne comprenant pas je me dirigeai vers un autre enfant et son corps passa à travers le mien avec autant de facilité que le premier. A présent paniqué j’essayai de leur parler, de les interpeller mais personne ne semblât m’entendre. Je me tournai vers les uns et les autres désespéré. Invisible. Voilà ce que j’étais. Personne ne me voyait ni ne m’entendait, c'était comme si je n'existais pas. Une détresse profonde s’était emparée de moi et je ne me contrôlais plus, un courant d’air froid se mit à souffler de plus en plus fort et de la glace se formait sous mes pieds. Elle s’étendait et gelait tout sur son passage, les voitures, les maisons, les arbres, le vent faisait lui aussi son œuvre et tout ce qui traînait dans la rue commença à être emporté. Les gens se mirent à paniquer et coururent se réfugier dans les maisons. Je me retrouvai alors seul. Petit à petit je parvins à retrouver mon calme et les intempéries cessèrent du même coup. Je parcouru la place vide du regard et tombai sur une grande fenêtre éclairée par ce qui semblait être un feu de cheminé. Je crus détecter du mouvement de l’autre côté mais quand je regardai de plus près je ne vis rien. J’étais sûr de plusieurs choses à présent, je les ressentais en moi comme si je l’avais toujours su : je contrôlais vraiment le vent et la glace, j’étais vraiment Jack Frost et personne ne pouvait me voir.

     

    ______________________________

     

                Je n’avais pas envie de rentrer mais maman avait l’air décidée alors je m’empressai d’aller loger ma main dans la sienne non sans ronchonner un peu. Je trouvais le chemin un peu long mais j’avais de petites jambes et la neige haute me demandait des efforts considérables. J’avais un peu froid aussi mais je ne le dis pas à maman car elle aurait su qu’elle avait eu raison d’insister pour rentrer et j’espérais rester encore plus longtemps la prochaine fois !

                Tout du long j’eus l’impression bizarre d’être observé. Un moment je m’arrêtai et commençai à me retourner pour voir mais maman continua à avancer et je dus lui emboîter le pas. Alors que nous arrivions sur la place du village je vis plusieurs de mes copains jouer à s’attraper. « Maman, je peux y aller ?

    -          Une autre fois poussin, tu as déjà traîné dehors assez longtemps pour aujourd’hui. » Déçu mais résigné je continuai mon chemin en direction de la maison.

    Nous étions sur le perron quand le vent se leva, un vent glacial qui me fit trembler des pieds à la tête malgré l’épais manteau et l’attirail hivernal dont j’étais affublé (moufles, bonnet, écharpe tricotée et grosses bottes fourrées). Ma mère frissonna également et m’intima de rentrer vite au chaud, ce que je fis avec grand plaisir cette fois-ci. A l’intérieur j’entendis le vent souffler contre la façade et des cris. Sans perdre une seconde je me précipitai à la fenêtre pour voir. Le vent semblait encore plus fort, il emportait tout sur son passage et de la glace ne tarda pas à se former un peu partout. Tout le monde se mit à courir pour rentrer dans les bâtiments. Tout le monde sauf une personne. Je ne l’avais jamais vue ; c’était un homme assez grand et maigre. Ses cheveux étaient blancs et courts et sa peau était très pâle. Il portait une longue cape marron abimée et il n’avait pas de chaussures ce qui était très étrange au vu des températures extérieures. Il n’était d’ailleurs pas habillé très chaudement d’une manière générale. Malgré tout cela ce qui me choqua le plus fut son expression, c’était la personne la plus triste que j’ai jamais vue. A huit ans c'est le genre de choses qui vous marquent. Son regard se posa sur moi et ses yeux bleus me glacèrent sur place ; surpris, je me baissai pour qu’il ne puisse plus me voir et recroquevillé sous la vitre je n’avais qu’une pensée en tête : Jack Frost.

     

    Fin du prologue

    Je pense que cette histoire ne sera pas très longue, peut-être 5 ou 6 chapitres à vrai dire je n'en ai aucune idée pour l'instant! Qu'est-ce que vous en pensez pour l'instant?

    Dans les cinq légendes Jack Frost est à mon sens un personnage assez touchant qui me fait penser à un Peter Pan mélancolique. Tout en conservant ces caractéristiques l'histoire sera forcément plus mature (il s'agit d'une histoire yaoi après tout!) elle n'a d'ailleurs pas grand chose à voir avec celle du dessin animé. J'espère qu'elle vous plaira!

     

    IHL - Prologue


  • Commentaires

    1
    Mardi 26 Mars 2013 à 21:24

    Oh, j'aime beaucoup ce prologue.
    Je suis impatiente de voir ce que ça va donner.
    A bientôt !
    Venom

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